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Les produits toxiques sont-ils autorisés pour détruire les « nuisibles » et autres rongeurs ?

Chloralose contre les corbeaux, chloropicrine pour exterminer renards et blaireaux, bromadiolone pour trucider les ragondins… Des poisons tous plus dangereux les uns que les autres ont largement été utilisés en France. Devant les ravages qu’ils occasionnent sur les écosystèmes, l’utilisation de ces toxiques sur la faune sauvage est désormais interdite, enfin presque…

L’utilisation des toxiques pour la chasse est interdite par un arrêté du 1er août 1986. Pour les espèces considérées comme « nuisibles » (renards, fouines, martres, corbeaux freux, pies bavardes, pigeons ramiers, chiens viverrins, …), l’interdiction formelle ne date que de 2012. Avant cette date, l’utilisation des toxiques pour ces espèces était encadrée par arrêté ministériel.

Cependant, cela ne signifie pas que tous les toxiques sont interdits à la vente. En effet, un règlement européen encadre la possibilité de recourir à des produits biocides qui pourront être utilisés, sous certaines conditions, par les professionnels et les particuliers (règlement (UE) n° 528/2012 du 22 mai 2012 concernant la mise à disposition sur le marché et l’utilisation des produits biocides). Chaque produit a donc son régime spécifique et il convient de connaître les conditions de son autorisation de mise sur le marché pour savoir s’il est effectivement autorisé et dans quelles conditions son utilisation est possible (1).

La règlementation a donc davantage encadré ces produits, mais certains animaux sauvages, notamment ceux dits liminaires en raison de leur lieu de vie qu’il partage avec l’humain (rat, mulot, souris, etc.), sont encore la cible de certains produits.

A titre d’exemple, la bromadiolone, longtemps utilisée contre les campagnols dans les cultures agricoles, a enfin été retirée du marché en 2020. Mais le phosphure de zinc utilisé en substitution (connu sous le nom de Ratron GW) n’est pas sans risque pour l’environnement pour autant.

À noter que toute destruction de renards, fouines, martres et belettes (possible lorsque l’espèce apparaît sur la liste départementale des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts ») doit être suspendue dans les zones où une lutte chimique est organisée contre les surpopulations de campagnols (2).

1 – Registre des biocides autorisés : www.anses.fr/fr/decisions_biocide
2 – Arrêté du 3 août 2023 NOR : TREL2314686A

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© Photo d’en-tête : Arthur Laurent